Évaluation intermédiaire du programme « Jeunesse en action » (2007-2013) au Luxembourg

Cyndie Da Silva Santos

Le présent document rapporte les résultats de l’évaluation intermédiaire du programme «Jeunesse en action» au Luxembourg pour la période allant de 2007 à 2009. Le Ministère de la Famille et de l’Intégration (MFI) est l’Autorité responsable pour le bon fonctionnement du programme et l’unité «Jeunesse en action», intégrée au Service National de la Jeunesse (SNJ), est l’Agence nationale responsable de sa mise en oeuvre.
Toute organisation oeuvrant en faveur de la jeunesse constituée légalement au Luxembourg, ainsi que tout jeune ou groupe informel de jeunes résidant légalement au pays, sont éligibles pour participer à ce programme. La collecte des données a été réalisée par le Centre d’études sur la situation des jeunes (CESIJE), aussi bien auprès des acteurs qui gèrent et mettent en oeuvre le programme (Agence et Autorité nationales) qu’auprès de ceux qui en bénéficient directement sur le terrain (porteurs de projets et participants).
Entre 2007 et 2009, la Commission Européenne a mis à disposition du Luxembourg un montant de 3’109’576 euros pour le financement des actions décentralisées du programme. En tout, 81,5% du budget des actions décentralisées furent investis dans un total de 181 projets impliquant 2570 participants.
L’Action 2 (service volontaire européen) représente l’action forte du programme au Luxembourg et elle a considérablement évoluée ces dernières années. L’Action 1.1 (échanges de jeunes) est marquée par une diminution de projets, à l’inverse, les actions 1.2 (initiatives de jeunes) et 4.3 (mise en réseau des travailleurs de jeunesse) ont connu un essor important. L’Action 3.1 (coopération avec les pays voisins de l’Union) et les TCP tendent à se stabiliser, néanmoins l’action 3.1 serait davantage appropriée si elle disposait de plus de budget. Les actions 1.3 (jeunesse pour la démocratie) et 5.1 (coopération politique européenne dans le domaine de la jeunesse), intégrées au programme depuis 2007, ont commencé à être appropriées en 2008, cependant elles ont eu peu de succès par la suite.
L’éducation non formelle est le maître mot du programme «Jeunesse en action» et représente un important atout pour augmenter les chances de transition entre les études et la vie active des jeunes. Ce programme présente un lien étroit avec les priorités nationales et joue un rôle important pour les concrétiser. Parmi les influences du programme sur les actions nationales, on peut citer la création de programmes nationaux comme le «service volontaire d’orientation (SVO)» ou encore le «service volontaire de coopération (SVC)», tous deux inspirés du «service volontaire européen» (SVE).
Les organisations de jeunesse considèrent les objectifs du programme pertinents et en accord avec leurs propres objectifs. Le fait de pouvoir recourir aussi bien à des programmes nationaux qu’européens est un avantage qui permet de répondre aux besoins des différents types d’organisation. En ce qui concerne la pertinence des objectifs auprès des participants, on constate que les motivations des jeunes au départ ne correspondent pas forcément au côté éducationnel du programme. Cependant, en rétrospective de la participation au projet, ils se rendent néanmoins compte des effets plus approfondis de leur participation.
Généralement, le déroulement du projet est évalué de façon très positive malgré que les attentes des participants n’aient pas toujours été entièrement satisfaites. Les impacts sont surtout significatifs par rapport à la mobilité et à l’ouverture interculturelle envers les autres. Au niveau des compétences acquises, les compétences communicatives, relationnelles et d’expression créative et artistiques sont les plus dominantes. Par ailleurs, les profils des participants du questionnaire indiquent que 32,7% se trouvaient dans une situation difficile lors de la participation au projet. 70% des participants ayant reporté une situation difficile, considèrent que la participation au projet leur a permis de mieux gérer les difficultés liées à cette situation.
La mise en oeuvre du programme par l’Agence nationale a eu une évolution positive surtout en matière de développement de synergies avec le SNJ et de systèmes d’échanges avec d’autres agences ou entités. L’information est bien diffusée au sein des organisations de jeunesse, seulement certaines organisations hésitent à recourir au programme, ce qui a pour effet qu’au cours des 3 dernières années, le budget des actions décentralisées n’a pu être entièrement dépensé. Une des raisons est que le secteur de la jeunesse au Luxembourg est constitué de nombreuses organisations de petite taille qui n’ont pas forcément les ressources humaines nécessaires pour gérer un projet européen. La partie administrative à fournir représente d’ailleurs l’aspect le moins attractif du programme. La rigidité administrative du programme est également vue comme un frein à la spontanéité des jeunes, qui sont confrontés à des délais d’attente trop longs avant de pouvoir réaliser leur projet.
Au cours de ces trois dernières années, une simplification des procédures administratives a déjà eu lieu, contribuant ainsi à rendre le programme plus accessible. Par ailleurs, des efforts de simplification sont également fournis par l’Agence nationale, notamment par rapport aux projets SVE. Il serait recommandé de continuer ce processus de simplification des procédures dans les années à venir.
Le programme a des effets durables sur les participants surtout en termes d’engagement social et de mobilité. Cependant, les porteurs de projets regrettent de ne pas pouvoir donner continuité à leur projet, surtout lorsque celui-ci a été réalisé avec succès. Vu que le Luxembourg ne dépense pas la totalité du budget disponible, il serait éventuellement envisageable de relancer les porteurs de projets pour la réalisation d’un projet similaire l’année suivante (sans devoir pour autant recréer tout le concept).

Proposition de citation

Da Silva Santos, C. (2010). Évaluation intermédiaire du programme « Jeunesse en action » (2007-2013) au Luxembourg (INSIDE Reports – 2 Contexts and Structures of Growing Up). Walferdange. Integrative Research Unit on Social and Individual Development (INSIDE); Centre d’études sur la situation des jeunes en Europe (CESIJE); Ministère de la Famille et de l’Intégration (MFI); Université du Luxembourg (UL).

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